vendredi 30 juillet 2010

A41. MOSQUEES a AHMEDABAD


MOSQUÉES à AHMEDABAD


Je n'ai visité qu'une liste limitée de ces fameuses mosquées de pierre du XVe s, qui font la réputation d'Ahmedabad :


  • 1. La mosquée Sidi Saiyed

  • 2. La Jama Masjid

  • 3. La mosquée Dastoorkhan

  • 4. La mosquée Rani Sipri

  • 5. La mosquée d'Ahmed Shah

  • 6. La mosquée Sidri Bashir et ses minarets oscillants.

D'après le plan que j'ai vu dans plusieurs mosquées, il y en a beaucoup plus !

Environ ...


J'ai logé quelques nuits dans une guesthouse située à deux pas de la mosquée Sidi Saiyed.

Mais je ne la photographie que le quatrième jour, profitant d'une accalmie, car il ne cesse de pleuvoir depuis mon arrivée à Ahmedabad...

Ses fenêtres sculptées dans la pierre sont magnifiques. On y reconnaît des arbres, des éléments végétaux.

Cette mosquée était intégrée dans les fortifications du Bhadra fort, avant que l'on ne détruise une partie des murs.


La Jama masjid est la grande mosquée au coeur d'Ahmedabad.

Une immense cour accueille un grand bassin central couvert, pour les ablutions.

A droite, la belle salle de prière avec une entrée monumentale, ornée de motifs sculptés.

Le sol est couvert de tapis colorés. La lumière se faufile entre les dizaines de colonnes par les fenêtres à moucharabieh. A cette heure matinale, il n'y a personne.


La mosquée est prolongée par le tombeau d'Ahmed Shah.

Beau bâtiment de pierre, ce tombeau contient dans la salle centrale la tombe d'Ahmed Shah, entourée de deux autres tombes (dont celle de son fils unique).

On les fleurit constamment, de l'encens parfume la salle.

Un homme lit le Coran, un autre se prosterne, un troisième rajoute des fleurs sur les tissus somptueux, qui recouvrent les trois tombes.

Dans les bas-côtés, on trouve deux autres tombes.


& & &


Mon nouvel hôtel, le Natraj, est situé entre Ellis Bridge et une gare routière.
Cela me donne l'idée d'une virée, du Natraj jusqu'au lac de Kankaria, dans la banlieue sud. Au cours de cette promenade, je visite deux autres belles mosquées de pierre du XVe s.

Je trouve la première assez loin sur Sadar Patel Road, après une incursion dans le bazar de Sadar Patel.
Elle n'est indiquée sur aucun de mes trois plans...
Son nom m'est donné par un musulman, Salim, avec qui je sympathise.
C'est la mosquée Dastoorkhan.

C'est une belle mosquée de pierre, de la moitie du XVe s.
Un grand bassin aux ablutions est surmonté d'une terrasse.
Des travaux en cours encombrent les accès.
La belle cour possède un sol de marbre gris et blanc, parcouru de lignes rougeâtres et verdâtres.

A mon arrivée, une nuée de jeunes de l'école coranique mitoyenne encombrent la cour. Une partie se rue sur moi... Quelle envolée de djellabas et de bonnets blancs !
Deux ou trois adultes interviennent, ce qui me sauve de l'étouffement
Plusieurs jeunes m'interrogent, ou essayent, car leur anglais est très limité.
Quand le flot reflue, c'est le tour des adultes.

D'abord en groupes, pour évaluer le lascar.


Quand je me mets à écrire, certains adultes reviennent regarder mes signes bizarres et converser.
Ils savent que j'habite en France à Paris. La France et Paris ont une côte d'amour indéniable pour nombre d'Indiens.

Samir revient deux fois.
C'est un joueur de tennis. Il me montre trois cartes, dont l'une officialise sa participation en 2003 à un tournoi au Japon.
Je pense que c'est un ancien joueur de tennis. Montrer ses cartes lui rappelle le bon temps.

Les murs de la galerie à colonnes sont décorés de panneaux à moucharabieh.
Le toit est composé de petites coupoles alignées.
On me laisse écrire tranquillement.

Dans des coins de la cour, des groupes de fidèles, assis en cercle, lisent le Coran.
Des garçons et des filles (vêtues de noir) vont et viennent avec un paquet de nourriture et des cadeaux.
Il est plus de 11h, mon estomac gargouille.

Je photographie trois garçons devant l'école coranique, construite en 1990.
Alors que j'écris toujours, un fidèle s'assied près de moi, affirme que l'islam est une très belle religion.
Je devrai y penser...

Un autre qui m'aime bien me propose une offrande :
- "Sweet ! It's wonderdul ! You will like !"
J'accepte et l'on m'offre un gros en-cas, celui que les jeunes portent, enveloppé dans un papier argenté. C'est très bon.
Le petit déjeuner m'est tombé du ciel...

Je replonge dans mon cahier.
Sur une estrade, un homme à la barbe teinte au henné, aidé d'un micro, harangue les fidèles, assis autour de lui.
J'assiste en partie à ce sermon, sans y comprendre goutte.
Un gamin me colle sans cesse.

Quand je récupère mes sandales à l'entrée, il mendie de l'argent.
Je refuse, mais il n'écoute pas mes arguments. Il préfère répéter ROUPIES ! jusqu'à plus soif... Dans la rue, il me suit à vélo !
-" Now, you STOP !", mon regard suffit à le faire renoncer.
Serait-ce le début de la sagesse ?


Un peu plus loin, juste avant la porte d'Astodia, je découvre deux minarets.
C'est la mosquée Rani Sipri, construite en 1514 par Rani Sipri, la femme du sultan Shan Begarha.
A l'entrée, le soleil fait miroiter les eaux vertes d'un joli bassin aux ablutions.
A gauche, en montant quelques marches, on accède à la mosquée, dominée par les minarets, ornée d'une dentelle de pierre sculptée.
A droite, le tombeau quadrangulaire de Rani Sipri est coiffé d'un dôme.

Il est également orné de nombreux motifs sculptés.



& & &


A l'hotel Natraj, le balcon de ma chambre surplombe les coupoles du toit de la mosquée Ahmed Shah.
Un terrain de prédilection pour les corneilles.
Depuis quelques jours, j'admire aussi les sculptures ajourées des fenêtres.

Ce matin vers 6h30, j'y entre pour la première fois.
Construite en 1415, c'est la plus ancienne mosquée d'Ahmedabad.
Elle servait à Ahmed Shah et aux nobles de son entourage.
Elle était intégrée aux murs de fortification du Bhadra fort, avant la destruction d'une grande partie de ces murs.

Elle ressemble beaucoup à d'autres mosquées de pierre.
Dans la salle principale, un homme prie à côté d'un autre qui dort.
J'espère avoir une meilleure occasion pour prendre des photos. L'intérieur est trop sombre...

Dans le jardin, un homme s'occupe à diverses tâches.
Près de l'entrée, sur le seuil d'une maison, deux femmes apparaissent, sans doute étonnées de me voir à cette heure matinale.
Les écureuils, beaucoup plus nombreux que les humains, bondissent en tous sens, sans aucune crainte, dans ce magnifique terrain de chasse.



& & &


A moins de cent mètres de la gare ferroviaire, on repère la mosquée Sidi Bashir grâce aux deux magnifiques minarets oscillants.

La mosquée actuelle est récente, sans intéret. Un barbu me refoule, je ne m'en plains guère...


En face, un bâtiment ancien de pierre abrite le tombeau d'un saint, entouré de cinq autres tombeaux.

Tous sont recouverts de linceuls colorés : vert, bleu...

Un vieillard confie en dévotions répand de l'encens, récite quelques versets, s'assied pour prier plus longuement. C'est sans doute sa résidence principale... Je ressors assez vite.

Les deux minarets sculptés sont le principal intéret de ce lieu...


Quittant la mosquée, je croise deux jeunes filles hindoues qui me regardent bizarrement. Qu'ai-je donc ?

J'ai gardé la coiffe de plastique blanc sur la tête !

Dans le cénotaphe, des coiffes parfaitement imitées, sont à la disposition des visiteurs. J'y retourne donc la pour remettre dans son panier...



Lionel Bonhouvrier.

jeudi 29 juillet 2010

A33. GALERIES D'ART A AHMEDABAD


GALERIES D'ART A AHMEDABAD



La première galerie d'oeuvres contemporaines que je visite est celle du City Museum.

Je ne suis guère enthousiaste. Mais je remarque de beaux blocs de pierre sculptée.

J'étais davantage concentré sur d'autres types d'objets : architecture moderne, textiles, objets de culte, panneaux sur Gandhi et les nationalistes, et sur les écrivains du Gujarat...

J'espère revenir dans cet excellent musée pour approfondir l'art contemporain et l'avancée des sciences, entre autres.


Deux jours plus tard, je découvre le GUFA (Amdavad ni Gufa).

Voir mon article sur son architecte : Balkrishna DOSHI.

Près des magnifiques fresques que M.F. Husain a peint à l'intérieur du GUFA, la L.P Huthessing art gallery expose des oeuvres actuelles.


Quand j'y passe, un collectif d'art visuel organise le vernissage d'une nouvelle exposition.

Toutes les toiles ont le même format vertical : un petit rectangle. Trois ou quatre oeuvres seulement m'arrêtent un moment.

La mousson s'affirme abondante. J'apprécie le café chaud en regardant la pluie noyer les paysages sous un nouveau déluge !


Les deux jours suivants, je visite le campus universitaire du C.E.P.T (Centre for Environment Planning and Technology).

Entre l'École de Design intérieur et l'École d'Architecture, je découvre plusieurs fresques murales, des assemblages, de grands posters collés aux murs, aux styles variés.

Certaines oeuvres sont de grande qualité.

Deux galeries d'art sont installées à proximité.


La Kanoria Centre for Arts se compose de plusieurs bâtiments disposés autour d'une pelouse.

De très belles sculptures de pierre parsèment la pelouse : une tête de cheval, des têtes humaines... J'en trouve d'autres en bois en déambulant.


En cette fin d'après-midi, l'Art Gallery accueille deux cours de dessin pour les enfants de cinq ans. Je participe au cours de la première salle.

Le professeur demande aux enfants de dessiner un paysage, avec des montagnes, la mer, le soleil... Puis ils découpent des formes colorées, les collent sur le dessin. Du jaune pour le soleil, du bleu pour le ciel, etc.

J'aide une fillette à poser son papier marron sur une montagne, pour n'avoir à découper qu'un seul côté.

Avant de partir, je prends quelques photos.


Je passe ensuite au Centre de Création picturale et visuelle, où travaillent des étudiants.

Plusieurs toiles sont inachevées, d'autres sont très récentes. Certaines me plaisent, mais je n'ose les photographier et déranger les peintres.

En dessous, le Centre d'impression occupe le RdC.

Côté cafétéria, des panneaux de céramiques colorés sont assemblés et fixés au mur de clôture.

Le nom de l'artiste est écrit sous chaque carré de céramique. Certains sont étrangers.


A droite, en retournant vers le GUFA, le L.P Hutheessingh Visual Art Centre dispose d'un jardin arboré orné de poteries, de grosses jarres, de sculptures.

On surplombe le terrain de handball, où le match de football continue.

A l'intérieur dans la première salle, un professeur donne un cours.

Des toiles récentes sont exposées dans les couloirs et sur les murs de l'escalier.

Je prends deux ou trois photos.


Au 1er étage, dans un vaste atelier en terrasse, une jeune femme a dessiné au crayon les contours de sa toile. Elle commence à la peindre à l'acrylique.

De la terrasse, je photographie une fresque et le soleil couchant.

J'ai passé toute la journée sur ce magnifique campus, je suis lessivé.


Au cours de ma dernière journée à Ahmedabad, je découvre par hasard au bout de l'Ellis Bridge, sur la rive occidentale, la Karnavati Art Gallery.

Les salles sont fermées à cause de l'heure matinale.

Mais une partie des oeuvres est exposée dehors.

La plupart sont des peintures accrochées à des panneaux, protégées par du plastique.

Je préfère les sculptures et certaines installations.



Lionel Bonhouvrier.

A25. BALKRISHNA DOSHI, ARCHITECTE INDIEN

BALKRISHNA VITHALDAS

DOSHI

ARCHITECTE INDIEN




Je fais connaissance avec cet architecte, en allant voir le GUFA, construit en 1990.
Le vrai nom de ce bâtiment est "Andavad ni Gufa".
On l'appelle plus simplement le GUFA.
Il est situé à l'ouest de la Sabarmati, dans la zone universitaire d'Ahmedabad, juste après le musée des Etudes indiennes et la tour de l'Université.

De l'extérieur, le bâtiment fait penser à une série d'oeufs sur le plat, disposés au hasard par un cuisinier épileptique.
Ou à des bulles sortant de terre, dômes blancs irréguliers rayés de noir, qui peuvent se transformer à tout moment, selon les caprices de la météo.

La partie émergée est très modeste : environ dix mètres de large, une vingtaine de mètres de long et quelques mètres de hauteur seulement.
On devine en sous-sol une partie immergée beaucoup plus vaste, une véritable caverne d'Ali Baba, une grotte aux trésors.

Des dizaines d'étudiants occupent les tables du café en discutant, s'asseyent par groupes au bord du Gufa autour d'un verre, vont voir l'exposition de la galerie attenante (L.P. Huthessing Art Gallery).


La porte franchie, on descend en pente douce, sur une coulée de béton, qui nous fait glisser au coeur de l'antre...


Maqbool Fida Husain a peint les magnifiques fresques, qui rappellent les peintures rupestres des grottes préhistoriques.

On y repère des chevaux, des taureaux, des mammouths...

Çà et là, des panneaux noirs découpés évoquent les sculptures anciennes, des déesses de la fécondité, des déesses mères...

L'ensemble du terrier évoque une grotte à plusieurs salles, que l'on découvre en avançant.

On peut s'y asseoir sur des plots, se lover au creux de grottes et de niches, pour discuter ou lécher ses blessures, terrier idéal pour âmes en peine...

B. Doshi a fréquenté les plus grands architectes du XXe s.

De 1954 à 1957, il travaille dans l'agence de Le Corbusier à Paris.

En 1955, il retourne en Inde où il supervise les nouveaux bâtiments de Chandigarh, nouvelle capitale du Punjab & Haryana, chantier que Le Corbusier rend célèbre.
Il représente Le Corbusier à Ahmedabad de 1954 à 1959.
E
n 1955, il ouvre son agence à Ahmedabad.


Avec Louis Kahn et Anant Raje, il travaille sur le design du campus de l'Indian Institute of Management, dans la zone universitaire d'Ahmedabad (1962-1974).
Je raconte ma visite de l'I.I.M. un peu plus loin.

Sur le campus du C.E.P.T., il est co-fondateur de l'Ecole d'Architecture (1962-72), du Centre for Environmental Planning and Technology (CEPT, 1972-81) et du Kanoria Centre for Arts.


Sur ce campus du CEPT, je visite plusieurs bâtiments de B. Doshi.

La School of interior Design, l'influence architecturale de Le Corbusier est évidente. Emploi du béton, grandes portes pivotantes, panneaux de couleurs vives comme éléments décoratifs pour casser la monotonie du béton, escalier extérieur, etc.

Même vers 19h30, des étudiants travaillent à leur table de dessin, souvent en petits groupes.


Un peu plus loin, la School of Building Science and Technology, dont le style architectural est très proche.

Les baies vitrées alignées aux étages donnent un air de bunker amusant.


Une place plantée d'arbres relie les deux écoles.

Des dizaines de personnes peuvent s'asseoir sur des rebords de briques, dessinant des méandres autour des arbres et le long des chemins.

Un toit de tente blanc protège du soleil ou de la pluie en restant à l'extérieur.

A quelques mètres, un écran est fixé à un mur pour la projection de films en plein air.

Des fresques murales et des assemblages donnent à cette place un côté artistique et culturel très prononcé.


Derrière ces fresques, une pelouse mène à d'autres bâtiments de Doshi, composant l'Ecole d'Architecture (1962-72).

En cette période de mousson abondante, la pelouse bien verte est ornée de belles statues.

Je visite l'École en milieu d'après-midi. Des cours s'y déroulent. De nombreux étudiants travaillent dans leur atelier.

Discrètement, j'évite de circuler près des groupes.


Alors que je m'assieds avec un thé glacé au citron près d'une buvette, un match de football se prépare sur le terrain de handball.

Pris de fringale, je grignote des biscuits, en regardant les étudiants, qui vont et viennent en discutant, où marchent seuls en dialoguant dans leur téléphone mobile.

Les murs du rez-de-chaussée d'un autre immeuble de la School of Architecture sont décorés de très belles fresques.


A gauche, je visite une autre oeuvre de B. Doshi, le Kanoria Centre for Arts.

(Voir mon article sur les galeries d'art d'Ahmedabad).


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Quelques jours après avoir fréquenté le GUFA puis le C.E.P.T, je découvre l'Indian Institute of Management.

Le campus initial est l'oeuvre de Louis KAHN (voir mon article sur lui).

Ensuite, un tunnel permet de gagner le nouveau campus, qui doit beaucoup à Balkrishna DOSHI et Anant RAJE.


A droite de l'allée centrale, je circule d'abord entre des logements.

Ils sont plus petits, le béton est préféré pour les murs, les escaliers, des pans de façades.

On retrouve comme dans le premier campus, les fameux trous circulaires dans les plaques de béton.


Certaines cours intérieures sont construites uniquement en béton.

Les bancs et les tables sont souvent cassés.

A chaque étage, un puits de lumière circulaire rend la façade plus esthétique.

Bref, ici le béton domine sur la brique. Alors que pour les logements de Louis Kahn, la brique domine sur le béton.


Les canalisations, les goutières passent dans les angles aigus, tracés par les arêtes des bâtiments. C'est le goût moderne d'exhiber les détails techniques.

La mode des ascenseurs transparents en est une caricature bien connue.


A droite de l'allée centrale, plusieurs bâtiments abritent salles de cours, de séminaires, entre autres.

Une longue galerie couverte distribue les salles, donne l'impression d'un immense bâtiment unique.

Elle ouvre sur une grande pelouse, prolongée par un terrain vague, où se déroulent les activités sportives ou festives.


Pour décorer ces longues façades de béton, Doshi imagine :

- Des cercles diffusant la lumière

- Des accès au rez de chaussée et à l'étage, ainsi que des balcons donnant sur la pelouse

- A l'étage, des panneaux métalliques troués par des formes géométriques, évoquant des ailes, ou des oiseaux.


Plus loin, un magnifique bâtiment, un des plus récents sans doute, abrite l'International Management Development Center.

On descend une rampe jusqu'à une place, garnie de deux bassins rectangulaires riches en nénuphars, mais où les fleurs de lotus sont rares.

Des arbres, des pelouses et quelques jolis lampadaires très designs complètent l'ornementation.


L'oeuvre de pierre découpée au-dessus de l'entrée de l'IMDC évoque les panneaux décorés, en plus grand.

Je jette un coup d'oeil aux nombreux bureaux des blocs, mais le côté répétitif m'agace un peu. Et la fatigue use ma patience.

Un Dining Hall complète les aménagements.


De l'autre côté de l'allée, de nombreux logements sont habités par les étudiants mariés. Dix minutes de déambulation supplémentaire m'épuisent.

Je suis assoiffé, affamé, ruisselant de sueur, après cette journée entière passée à l'Institut.

Il est temps de revenir au premier campus et de filer en autorickshaw jusqu'à mon hôtel pour une douche.



Lionel Bonhouvrier.

mercredi 28 juillet 2010

A23. LOUIS KAHN (1901-1974) et AHMEDABAD

LOUIS KAHN (1901-1974)
et
AHMEDABAD




"Voilà une bonne question. J’ai appris dans le temps qu’une bonne question a plus d’importance que la réponse la plus brillante.

C’est la question du non-mesurable et du mesurable.

La Nature, la nature physique est mesurable. Le sentiment et le rêve n’ont pas de mesure, pas de langage, et le rêve de chacun est singulier". (Louis Kahn).



En 1974, Louis Kahn meurt d'une crise cardiaque dans les toilettes de la gare de Pennsylvannia Station de New York.

Il vient de rentrer d'Inde, où il supervise les travaux à l'Indian Institute of Management d'Ahmedabad.

Lorsqu'elle retrouve son cadavre, la police met trois jours pour l'identifier totalement.

Louis Isadore Kahn, ce juif originaire d'Estonie, émigré à l'âge de quatre ans aux Etats-Unis, avait rayé l'adresse de son domicile sur son passeport...


J'entre à l'Institut Indien de Gestion sous une pluie battante.
La sécurité ne plaisante pas.

A un guichet, je dois montrer mon passeport, remplir une fiche de renseignements.
A un autre guichet, on me prend en photo et je dois remplir une autre fiche.
Ensuite, on me donne un ticket d'entrée, où je trouve ma photo grimaçante...

Je dois revenir au premier guichet pour laisser mon passeport, le temps de ma visite.

Je rechigne, réponds que je préfère garder mon passeport !

Mais je tiens à cette visite...

Le gardien m'accorde une heure. Quelle misère !

Je suis déterminé à y passer toute la journée...


Louis Kahn construit le complexe de l'I.I.M. et son campus de 1962 à 1974.

Il y travaille notamment avec Balkrishna Doshi et Anand Raje.

Construit de 1962 à 1964, le complexe comprend un bâtiment principal pour les cours et les séminaires, une bibliothèque et les bureaux des enseignants autour de la cour principale.

Mais aussi des dortoirs séparés pour les étudiants, reliés entre eux par une série de passages voûtés.

Et plus loin, des maisons pour les professeurs et le personnel.

Lors de la conception de l'Ecole, Kahn remet en question méthodes et lieux d'apprentissage. Ils se déroulent dans les classes, mais aussi dans les couloirs et d'autres espaces intermédiaires.

Je visite d'abord le quartier où sont logés les étudiants (dormitories).
Tout est en briques : le sol de la rue, les murs des immeubles.
De grands cercles trouent les façades, apportent la lumière à deux étages à la fois.
Une courbe en béton marque le niveau du sol, au milieu du cercle.

Pour m'abriter d'une pluie diluvienne, je visite les locaux des étudiants, malgré l'interdiction spécifiée par le gardien de l'entrée...
Leurs chambres sont correctes.
Dans les couloirs, ils disposent de salles d'eau, avec lavabos, toilettes, machines à laver.

A un étage, un magnifique téléviseur trône dans un couloir, près de quelques chaises.
Deux agents balayent les couloirs pendant que j'écris en attendant que le déluge s'essouffle...
Le sol est recouvert de grandes dalles de pierres, faciles à nettoyer.
Le toit-terrasse possède des réservoirs d'eau et des panneaux solaires.

Ces immeubles pour étudiants ont beaucoup d'allure.
Logements et bâtiments sont fonctionnels, sobres et esthétiques.
Louis Kahn aime les formes géométriques simples : le cercle, le demi-cercle, le rectangle.

Le triangle apparaît sous la forme de contreforts triangulaires, à la base de certains immeubles. Il casse l'uniformité de la façade rectangulaire.

Je continue ma visite en photographiant façades ou détails d'architecture.
Je passe devant des bureaux, une crèche, des maisons pour les professeurs et le personnel, une salle de fitness.
Je traverse d'autres immeubles pour étudiants.

Près de la bibliothèque, les salles de cours, de séminaires sont regroupés.

Me voilà devant la bibliothèque Vikram Sarabhai.
Le grand savant Vikram Sarabhai a beaucoup apporté à Ahmedabad et à la recherche scientifique de son pays en physique et en astrophysique.
La bibliothèque donne sur une grande place rectangulaire, la place Louis Kahn.

De la bibliothèque, j'admire l'ossature.
Des caissons de béton servent de plafonds.
Un magnifique escalier de béton, dont la spirale est inscrite dans un cylindre, mène du sous-sol jusqu'au quatrième étage.

Quelle merveille ! Pure beauté de la géométrie, rendue sensible par le dessin d'architecture.

Sur un palier, on rencontre la tête de Vikram Sarabhai en bronze.


Dans la salle de lecture, on voit bien les deux rosaces vitrées de la façade, puits de lumière indispensables, pour ne pas transformer cette salle en bunker.
Elle est décorée de fresques colorées, placées en hauteur.

Ensuite je travaille plus d'une heure dans la bibliothèque.


La faim me pousse à sortir.

Je fais le tour de la grande place centrale, nommée place Louis Kahn.

Je mange au mess, à côté, puis reprends ma visite.


Les bâtiments formant les Ailes, du côté de l'entree de l'I.I.M., possèdent des cours identiques. Mais elles se différencient selon la densité de la végétation.

L'une présente sa cour de briques presque à nu.

Une autre est pratiquement recouverte par les arbres et une végétation exubérante.

Chaque bâtiment est relié à ses voisins par un passage couvert.

On distingue les arches supportant le plancher des étages.


Je retrouve l'escalier de la bibliothèque, à travers les baies vitrées, où se reflètent les sapins du jardin.

La bibliothèque a deux autres accès.

L'accès principal est un grand escalier, orné de plantes. Par un passage couvert, il mène à l'entrée, découverte ce matin, celle aux deux rosaces.

Une rampe monumentale, que les véhicules peuvent emprunter, mène directement à une entrée du personnel.


Vers le nouveau Campus, un auditorium et le bloc administratif composent avec les cercles découpés dans les façades et les arches.

Une cour intérieure plantée d'arbres donnent de la fraîcheur.

Une poutre fichée dans un bâtiment supporte une rivière de lianes.

Merci pour cette fraîcheur Monsieur Kahn.



Lionel Bonhouvrier.