dimanche 25 juillet 2010

A11. AHMEDABAD, MY FRIEND ! (26.07.2010).


AHMEDABAD
, MY FRIEND !



PRISE DE CONTACT :
K.O AU SECOND ROUND !


Il me faut 24 heures pour m'habituer (un peu) à Ahmedabad.
Après Udaipur et le Mont Abu, difficile de se retrouver dans une grande ville, bruyante et polluée, tel un moustique anonyme noyé dans une fourmilière humaine.
Le fondateur de la cité actuelle au XVe s, Ahmed Shah, serait éberlué de constater l'état de sa capitale en 2010...

La circulation est bruyante et dangereuse.
Plusieurs fois, je manque de me faire renverser...
Comme je suis du genre casse-cou, je traverse volontiers les rues au radar, confiant en mon étoile...
Ici, cela peut être mortel.

Les autorickshaws forcent systématiquement le passage des piétons et des cyclistes. Il faut connaître ce rapport de force, sinon on risque l'hôpital vingt fois par jour, ou le cimetière trois ou quatre fois, minimum.
Bien sûr, les autorickshaws se montrent plus souples envers voitures et bus, auxquels ils cèdent souvent le passage.
Bref, un primitif rapport de force...

Malheureusement, il pleut sans discontinuer pendant les trois premiers jours, ce qui gène les déplacements et complique mes activités.
- "Saison des pluies !" dirait monsieur de La Palice.
Certes ! Depuis juin, la mousson est abondante.

Mais constater le matin qu'un ciel bouché par des nuages tenaces vous condamne àl'hyperhumidité.
Voir des torrents de flotte boueuse envahir les rues jour après jour, transformant les trottoirs en décharges publiques...
Ce qui oblige à naviguer sur la chaussée marécageuse et à jouer les toréadors avec scooters et autorickshaws...

Tout cela finit par nuire au moral.
On souhaiterait un peu de soleil, et davantage de mesure !



AU 5ÈME JOUR :
LE PIÉTON RIPOSTE


A partir du 5ème jour, je commence à aimer Ahmedabad.
D'abord, il pleut moins. Quelques heures par jour, c'est un progrès.
Comme je connais les axes principaux de mon quartier (la rive occidentale entre Nehru Bridge et Ellis Bridge), j'explore les ruelles intersticielles.

Je déambule dans les quartiers populaires, ou les piétons ne sont plus pourchassés par des véhicules en folie, hoquetant leur klaxon et leurs gaz puants.
Dans ces ruelles ombragées, aux courbes inattendues, on ne sait jamais où l'on va aboutir.
Mais les piétons redeviennent des êtres humains, salués par les chèvres, les vaches et autres volatiles.

Peu à peu, je trouve des raccourcis.
D'autres fois, pour couper au plus court, je m'enfonce dans un labyrinthe, qui m'oblige à des dérives imprévues et des détours.
Se perdre est souvent utile.
Un explorateur peut-il s'en plaindre ?



AU 10ÈME JOUR :
VIVE LES BUS !


Je m'enferme dans les cyberboutiques selon les caprices de la météo.
Depuis quelques jours, la mousson revient en force.
J'annule une journée marathon de visites pour écrire toute la matinée au sec, délicieusement rafraîchi par un ventilateur.

A la gare routière la première fois, je ne comprends rien aux nombres gujaratis.
Je galère plus d'une demie-heure avant de monter dans le bus adéquat...

L'apprentissage des bus exige patience et volonté.
C'est ma riposte aux autorickshaws, aussi ardents à me transporter, qu'à me bousculer quand je redeviens un piéton de misère.

Les guichetiers des quais ne comprennent rien à l'anglais.
Ils se débarrassent de moi en répondant n'importe quoi à mes questions.
Je finis par le comprendre.
A force d'interroger conducteurs, vendeurs de billets et voyageurs, j'arrive laborieusement à mes fins.

Car leurs réponses sont contradictoires.
Je souhaite me rendre à l'Université ?
L'un me répond : "Platform number 1 !"
Un autre : "Platform number 5 !"
Mais la réponse la plus fréquente est : "quai numéro 4".
Je m'y rallie. A juste titre, puisque je finis par arriver à l'Université...

Hier, je sors de l'ashram Sabarmati de Gandhi.
Un autorickshaw se précipite.
Je marche vers l'arrêt de bus, l'autorickshaw à mes trousses.

Je me retourne, montre l'arrêt de bus et clame avec un sourire gandhien :
- "Sorry, sir ! I prefer take a bus !"
Quelle grimace !
Une tronche peu commerciale...
Un peu d'humour pourrait lui faciliter la vie.



Lionel Bonhouvrier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire