mercredi 28 juillet 2010

A23. LOUIS KAHN (1901-1974) et AHMEDABAD

LOUIS KAHN (1901-1974)
et
AHMEDABAD




"Voilà une bonne question. J’ai appris dans le temps qu’une bonne question a plus d’importance que la réponse la plus brillante.

C’est la question du non-mesurable et du mesurable.

La Nature, la nature physique est mesurable. Le sentiment et le rêve n’ont pas de mesure, pas de langage, et le rêve de chacun est singulier". (Louis Kahn).



En 1974, Louis Kahn meurt d'une crise cardiaque dans les toilettes de la gare de Pennsylvannia Station de New York.

Il vient de rentrer d'Inde, où il supervise les travaux à l'Indian Institute of Management d'Ahmedabad.

Lorsqu'elle retrouve son cadavre, la police met trois jours pour l'identifier totalement.

Louis Isadore Kahn, ce juif originaire d'Estonie, émigré à l'âge de quatre ans aux Etats-Unis, avait rayé l'adresse de son domicile sur son passeport...


J'entre à l'Institut Indien de Gestion sous une pluie battante.
La sécurité ne plaisante pas.

A un guichet, je dois montrer mon passeport, remplir une fiche de renseignements.
A un autre guichet, on me prend en photo et je dois remplir une autre fiche.
Ensuite, on me donne un ticket d'entrée, où je trouve ma photo grimaçante...

Je dois revenir au premier guichet pour laisser mon passeport, le temps de ma visite.

Je rechigne, réponds que je préfère garder mon passeport !

Mais je tiens à cette visite...

Le gardien m'accorde une heure. Quelle misère !

Je suis déterminé à y passer toute la journée...


Louis Kahn construit le complexe de l'I.I.M. et son campus de 1962 à 1974.

Il y travaille notamment avec Balkrishna Doshi et Anand Raje.

Construit de 1962 à 1964, le complexe comprend un bâtiment principal pour les cours et les séminaires, une bibliothèque et les bureaux des enseignants autour de la cour principale.

Mais aussi des dortoirs séparés pour les étudiants, reliés entre eux par une série de passages voûtés.

Et plus loin, des maisons pour les professeurs et le personnel.

Lors de la conception de l'Ecole, Kahn remet en question méthodes et lieux d'apprentissage. Ils se déroulent dans les classes, mais aussi dans les couloirs et d'autres espaces intermédiaires.

Je visite d'abord le quartier où sont logés les étudiants (dormitories).
Tout est en briques : le sol de la rue, les murs des immeubles.
De grands cercles trouent les façades, apportent la lumière à deux étages à la fois.
Une courbe en béton marque le niveau du sol, au milieu du cercle.

Pour m'abriter d'une pluie diluvienne, je visite les locaux des étudiants, malgré l'interdiction spécifiée par le gardien de l'entrée...
Leurs chambres sont correctes.
Dans les couloirs, ils disposent de salles d'eau, avec lavabos, toilettes, machines à laver.

A un étage, un magnifique téléviseur trône dans un couloir, près de quelques chaises.
Deux agents balayent les couloirs pendant que j'écris en attendant que le déluge s'essouffle...
Le sol est recouvert de grandes dalles de pierres, faciles à nettoyer.
Le toit-terrasse possède des réservoirs d'eau et des panneaux solaires.

Ces immeubles pour étudiants ont beaucoup d'allure.
Logements et bâtiments sont fonctionnels, sobres et esthétiques.
Louis Kahn aime les formes géométriques simples : le cercle, le demi-cercle, le rectangle.

Le triangle apparaît sous la forme de contreforts triangulaires, à la base de certains immeubles. Il casse l'uniformité de la façade rectangulaire.

Je continue ma visite en photographiant façades ou détails d'architecture.
Je passe devant des bureaux, une crèche, des maisons pour les professeurs et le personnel, une salle de fitness.
Je traverse d'autres immeubles pour étudiants.

Près de la bibliothèque, les salles de cours, de séminaires sont regroupés.

Me voilà devant la bibliothèque Vikram Sarabhai.
Le grand savant Vikram Sarabhai a beaucoup apporté à Ahmedabad et à la recherche scientifique de son pays en physique et en astrophysique.
La bibliothèque donne sur une grande place rectangulaire, la place Louis Kahn.

De la bibliothèque, j'admire l'ossature.
Des caissons de béton servent de plafonds.
Un magnifique escalier de béton, dont la spirale est inscrite dans un cylindre, mène du sous-sol jusqu'au quatrième étage.

Quelle merveille ! Pure beauté de la géométrie, rendue sensible par le dessin d'architecture.

Sur un palier, on rencontre la tête de Vikram Sarabhai en bronze.


Dans la salle de lecture, on voit bien les deux rosaces vitrées de la façade, puits de lumière indispensables, pour ne pas transformer cette salle en bunker.
Elle est décorée de fresques colorées, placées en hauteur.

Ensuite je travaille plus d'une heure dans la bibliothèque.


La faim me pousse à sortir.

Je fais le tour de la grande place centrale, nommée place Louis Kahn.

Je mange au mess, à côté, puis reprends ma visite.


Les bâtiments formant les Ailes, du côté de l'entree de l'I.I.M., possèdent des cours identiques. Mais elles se différencient selon la densité de la végétation.

L'une présente sa cour de briques presque à nu.

Une autre est pratiquement recouverte par les arbres et une végétation exubérante.

Chaque bâtiment est relié à ses voisins par un passage couvert.

On distingue les arches supportant le plancher des étages.


Je retrouve l'escalier de la bibliothèque, à travers les baies vitrées, où se reflètent les sapins du jardin.

La bibliothèque a deux autres accès.

L'accès principal est un grand escalier, orné de plantes. Par un passage couvert, il mène à l'entrée, découverte ce matin, celle aux deux rosaces.

Une rampe monumentale, que les véhicules peuvent emprunter, mène directement à une entrée du personnel.


Vers le nouveau Campus, un auditorium et le bloc administratif composent avec les cercles découpés dans les façades et les arches.

Une cour intérieure plantée d'arbres donnent de la fraîcheur.

Une poutre fichée dans un bâtiment supporte une rivière de lianes.

Merci pour cette fraîcheur Monsieur Kahn.



Lionel Bonhouvrier.

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