jeudi 29 juillet 2010

A25. BALKRISHNA DOSHI, ARCHITECTE INDIEN

BALKRISHNA VITHALDAS

DOSHI

ARCHITECTE INDIEN




Je fais connaissance avec cet architecte, en allant voir le GUFA, construit en 1990.
Le vrai nom de ce bâtiment est "Andavad ni Gufa".
On l'appelle plus simplement le GUFA.
Il est situé à l'ouest de la Sabarmati, dans la zone universitaire d'Ahmedabad, juste après le musée des Etudes indiennes et la tour de l'Université.

De l'extérieur, le bâtiment fait penser à une série d'oeufs sur le plat, disposés au hasard par un cuisinier épileptique.
Ou à des bulles sortant de terre, dômes blancs irréguliers rayés de noir, qui peuvent se transformer à tout moment, selon les caprices de la météo.

La partie émergée est très modeste : environ dix mètres de large, une vingtaine de mètres de long et quelques mètres de hauteur seulement.
On devine en sous-sol une partie immergée beaucoup plus vaste, une véritable caverne d'Ali Baba, une grotte aux trésors.

Des dizaines d'étudiants occupent les tables du café en discutant, s'asseyent par groupes au bord du Gufa autour d'un verre, vont voir l'exposition de la galerie attenante (L.P. Huthessing Art Gallery).


La porte franchie, on descend en pente douce, sur une coulée de béton, qui nous fait glisser au coeur de l'antre...


Maqbool Fida Husain a peint les magnifiques fresques, qui rappellent les peintures rupestres des grottes préhistoriques.

On y repère des chevaux, des taureaux, des mammouths...

Çà et là, des panneaux noirs découpés évoquent les sculptures anciennes, des déesses de la fécondité, des déesses mères...

L'ensemble du terrier évoque une grotte à plusieurs salles, que l'on découvre en avançant.

On peut s'y asseoir sur des plots, se lover au creux de grottes et de niches, pour discuter ou lécher ses blessures, terrier idéal pour âmes en peine...

B. Doshi a fréquenté les plus grands architectes du XXe s.

De 1954 à 1957, il travaille dans l'agence de Le Corbusier à Paris.

En 1955, il retourne en Inde où il supervise les nouveaux bâtiments de Chandigarh, nouvelle capitale du Punjab & Haryana, chantier que Le Corbusier rend célèbre.
Il représente Le Corbusier à Ahmedabad de 1954 à 1959.
E
n 1955, il ouvre son agence à Ahmedabad.


Avec Louis Kahn et Anant Raje, il travaille sur le design du campus de l'Indian Institute of Management, dans la zone universitaire d'Ahmedabad (1962-1974).
Je raconte ma visite de l'I.I.M. un peu plus loin.

Sur le campus du C.E.P.T., il est co-fondateur de l'Ecole d'Architecture (1962-72), du Centre for Environmental Planning and Technology (CEPT, 1972-81) et du Kanoria Centre for Arts.


Sur ce campus du CEPT, je visite plusieurs bâtiments de B. Doshi.

La School of interior Design, l'influence architecturale de Le Corbusier est évidente. Emploi du béton, grandes portes pivotantes, panneaux de couleurs vives comme éléments décoratifs pour casser la monotonie du béton, escalier extérieur, etc.

Même vers 19h30, des étudiants travaillent à leur table de dessin, souvent en petits groupes.


Un peu plus loin, la School of Building Science and Technology, dont le style architectural est très proche.

Les baies vitrées alignées aux étages donnent un air de bunker amusant.


Une place plantée d'arbres relie les deux écoles.

Des dizaines de personnes peuvent s'asseoir sur des rebords de briques, dessinant des méandres autour des arbres et le long des chemins.

Un toit de tente blanc protège du soleil ou de la pluie en restant à l'extérieur.

A quelques mètres, un écran est fixé à un mur pour la projection de films en plein air.

Des fresques murales et des assemblages donnent à cette place un côté artistique et culturel très prononcé.


Derrière ces fresques, une pelouse mène à d'autres bâtiments de Doshi, composant l'Ecole d'Architecture (1962-72).

En cette période de mousson abondante, la pelouse bien verte est ornée de belles statues.

Je visite l'École en milieu d'après-midi. Des cours s'y déroulent. De nombreux étudiants travaillent dans leur atelier.

Discrètement, j'évite de circuler près des groupes.


Alors que je m'assieds avec un thé glacé au citron près d'une buvette, un match de football se prépare sur le terrain de handball.

Pris de fringale, je grignote des biscuits, en regardant les étudiants, qui vont et viennent en discutant, où marchent seuls en dialoguant dans leur téléphone mobile.

Les murs du rez-de-chaussée d'un autre immeuble de la School of Architecture sont décorés de très belles fresques.


A gauche, je visite une autre oeuvre de B. Doshi, le Kanoria Centre for Arts.

(Voir mon article sur les galeries d'art d'Ahmedabad).


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Quelques jours après avoir fréquenté le GUFA puis le C.E.P.T, je découvre l'Indian Institute of Management.

Le campus initial est l'oeuvre de Louis KAHN (voir mon article sur lui).

Ensuite, un tunnel permet de gagner le nouveau campus, qui doit beaucoup à Balkrishna DOSHI et Anant RAJE.


A droite de l'allée centrale, je circule d'abord entre des logements.

Ils sont plus petits, le béton est préféré pour les murs, les escaliers, des pans de façades.

On retrouve comme dans le premier campus, les fameux trous circulaires dans les plaques de béton.


Certaines cours intérieures sont construites uniquement en béton.

Les bancs et les tables sont souvent cassés.

A chaque étage, un puits de lumière circulaire rend la façade plus esthétique.

Bref, ici le béton domine sur la brique. Alors que pour les logements de Louis Kahn, la brique domine sur le béton.


Les canalisations, les goutières passent dans les angles aigus, tracés par les arêtes des bâtiments. C'est le goût moderne d'exhiber les détails techniques.

La mode des ascenseurs transparents en est une caricature bien connue.


A droite de l'allée centrale, plusieurs bâtiments abritent salles de cours, de séminaires, entre autres.

Une longue galerie couverte distribue les salles, donne l'impression d'un immense bâtiment unique.

Elle ouvre sur une grande pelouse, prolongée par un terrain vague, où se déroulent les activités sportives ou festives.


Pour décorer ces longues façades de béton, Doshi imagine :

- Des cercles diffusant la lumière

- Des accès au rez de chaussée et à l'étage, ainsi que des balcons donnant sur la pelouse

- A l'étage, des panneaux métalliques troués par des formes géométriques, évoquant des ailes, ou des oiseaux.


Plus loin, un magnifique bâtiment, un des plus récents sans doute, abrite l'International Management Development Center.

On descend une rampe jusqu'à une place, garnie de deux bassins rectangulaires riches en nénuphars, mais où les fleurs de lotus sont rares.

Des arbres, des pelouses et quelques jolis lampadaires très designs complètent l'ornementation.


L'oeuvre de pierre découpée au-dessus de l'entrée de l'IMDC évoque les panneaux décorés, en plus grand.

Je jette un coup d'oeil aux nombreux bureaux des blocs, mais le côté répétitif m'agace un peu. Et la fatigue use ma patience.

Un Dining Hall complète les aménagements.


De l'autre côté de l'allée, de nombreux logements sont habités par les étudiants mariés. Dix minutes de déambulation supplémentaire m'épuisent.

Je suis assoiffé, affamé, ruisselant de sueur, après cette journée entière passée à l'Institut.

Il est temps de revenir au premier campus et de filer en autorickshaw jusqu'à mon hôtel pour une douche.



Lionel Bonhouvrier.

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