mardi 17 août 2010

D3. PAS de VACANCES à PALITANA


PAS DE VACANCES
A
PALITANA





UNE ÉCOLE UN DIMANCHE


En anglais, j'annonce aussitôt la couleur :
-"Si je ne peux utiliser internet à Palitana, je reste une nuit seulement. Mais si vous trouvez une solution, je reste trois nuits ou davantage !"
Le taulier connaît son job.
En écrivant mon reçu, il pianote sur son portable.

Un quart d'heure plus tard, je le revois sur le seuil de ma nouvelle chambre en compagnie d'un jeune homme.
Bharat enseigne l'anglais, cela facilite le dialogue.
Deux minutes plus tard, nous traversons Palitana sur sa moto a une allure de sénateur.

Dans une boutique où l'on forme les gens à l'informatique, j'utilise un des ordinateurs de 12h30 à 13h30.
Mes blogs sont insatiables.
J'ai laissé un texte dans les douleurs de l'accouchement.
Mon devoir de sage-femme est de mettre au jour "Les temples jaïns de Girnargiri".

Au bout d'une heure, la boutique ferme jusqu'au lendemain.
Nous sommes dimanche 15 août, jour de l'indépendance de l'Inde.
En cette période de fête, le pont que nous avons traversé et Main Bazar sont pavoisés, les couleurs flottent au vent.
Tant pis pour les sages-femmes...

Bharat, revenu à la boutique au bout d'une heure, me propose de déjeuner chez lui en famille. Au diable la douche !
J'accepte son invitation et deux minutes plus tard, il gare la Yamaha devant sa maison.

Sa grand-mère est assise sur une balançoire.
-"Elle a cent ans !", précise Bharat.
Nous nous saluons réciproquement.
Au salon, il me présente sa femme et son père.
Je ne verrai pas sa mère, qui reste dans la cuisine pour le repas.

Les plats sont disposés sur le sol pendant que nous discutons, assis sur des banquettes. Bharat résume l'essentiel pour son père, un homme très discret.
Puis nous commençons le lunch, assis sur une natte.
Riz et chapatis, deux sauces, des rondelles de concombre, du petit lait...
C'est très bon, mais le voyage depuis Junagadh ne m'a guère creusé l'appétit.
La femme de Bharat nous sert peu à peu.

Leur fille Nancy entre peu après. J'intimide ses deux ans et demi.
Le neveu de Bharat, dix ans environ, arrive et joue avec elle près de la balançoire.
Le repas expédié, nous montons à l'étage, où deux salles constituent l'école privée de Bharat.

Il apprend l'anglais à 300 élèves, de plus de 13 ans, une heure par semaine.
Il me montre les locaux, puis un album de photos.

De nombreux étrangers, reçus dans leur famille, au cours d'un repas ou d'une fête.
Les Français semblent les plus nombreux, parmi un Canadien, deux Russes et une majorité d'Européens (Anglais, Allemands, Suisses, Espagnols...)
Un Français, aujourd'hui à la retraite, est revenu quatre fois au Gujarat. Il a offert un tableau neuf pour une des salles de l'école.

Bharat me raccompagne en moto jusqu'à mon hôtel.
Dans la chambre, je compte prendre une douche, mais je m'endors immédiatement.
La sieste dure plus de trois heures...



RETOUR A L'ÉCOLE MARDI


Lundi, je consacre toute la journée, de 6h a 18h, à Shatrunjaya.
Voir les textes correspondants dans ce blog.
Vers 21 h, je téléphone à Bharat.
Et si je passais le lendemain dans une de ses classes, pour discuter avec quelques élèves ? Cela pourrait les intéresser.
Il est enchanté de cette proposition.

Mardi matin, j'écris pour le blog dans la boutique de cours en informatique.
Quand Bharat arrive,
vers 10h30, il me transporte à moto jusqu'à son école.
La classe principale est occupée par des jeunes filles, de 16 à 20 ans environ.

Leur niveau d'anglais est celui de grandes débutantes.
Je parle très lentement et distinctement pour me faire mieux comprendre.
Je me présente et les invite à m'interroger sur mes voyages en Inde, sur la France, les Français, etc.
Pendant trois quart d'heure, l'échange est fructueux.

Je pense en avoir terminé, mais la classe se renouvelle, c'est reparti pour un tour !
Bharat intervient très peu, sauf pour traduire en gujarati certaines de mes réponses quand c'est nécessaire.
J'essaye de ne pas redire les mêmes phrases, je varie mes réponses.

A midi passé, Bharat met fin à cette deuxième classe.
Des jeunes filles me tendent leur cahier pour que j'écrive quelques mots en français. Tout s'est très bien déroulé.
D'autres jeunes filles regardent sur l'ordinateur les photos d'une sortie scolaire récente à Bhavnagar.
Dans le salon, je suis invité à déjeuner.
Cette fois, la mère de Bharat est présente et Nancy est moins timide.

Le repas terminé, je suis très surpris quand Bharat me dit qu'il est l'heure.
Il se lève, je le suis, nous montons à l'école.
La classe principale est occupée par des garçons. Je les salue, mais Bharat m'oriente vers l'autre pièce.

Laquelle est pleine de jeunes filles...
Malheureusement, on étouffe, je suis instantanément en sueur !
De plus, ce groupe est très faible en anglais. Bharat traduit souvent mes propos en gujarati... Le groupe est passif. Deux ou trois élèves osent parler. C'est décevant.
Mais je tiens à faire l'effort nécessaire. Réflexe de pédagogue...

Quand les jeunes filles refluent, je constate que les garçons m'attendent avec impatience à côté. Difficile de refuser...
Heureusement, ils sont dynamiques. Les questions fusent sans cesse. Beaucoup de sujets sont abordés. Je dois même leur parler de Nicolas Sarkozy !

Le temps passe donc très vite.
A la fin, les élèves applaudissent !
Je donne un autographe à chacun, ce qui prend du temps. Un élève ne se plaindra pas de ne pas avoir ma signature...



MERCREDI, AU BOULOT !



Le lendemain, je visite Hasta giri toute la journée.
Malgré la fatigue, je tiens à avancer le blog...
Au bout d'une heure, Bharat me rejoint avec Nancy dans la boutique.
Vers 19h30, nous filons chez lui à moto.

Car Bharat a laissé une classe de garçon à l'étage...
J'aurai préféré discuter avec sa famille...
Heureusement, ce groupe est vif. Je dois les canaliser pour éviter le trop plein, ou des débats particuliers. Deux élèves sont intelligents.

Finalement, les quarante minutes sont agréables, même si Bharat se plaint à la fin de leur manque de discipline...
Les élèves sont satisfaits de cette conversation en anglais.

C'est l'heure du dîner.
Au salon, je détourne Bharat , scotché à la télé, pour échanger nos coordonnées, car nous ne nous reverrons plus.
Nancy s'est habituée à moi et j'observe ses caprices. Elle aime être le centre de l'attention générale. Tout le monde la chouchoute, surtout sa grand-mère.

J'aimerai arrêter ici cette histoire.
Mais Bharat, implacable, m'entraîne dans sa classe...
De 21h à 22h, je suis face à trois, puis quatre, puis cinq élèves. La plupart sont absents à cause d'une fête musulmane, et les retardataires étaient excusés.
- "Ils voulaient faire ta connaissance", précise Bharat.

Sans doute, mais ils ne parlent pas anglais, sont incapables de comprendre une phrase simple !
Je ne leur parle donc pas. S'ennuyer une heure à ne rien faire, c'est interminable !
Bharat nous distribue des bandes-dessinées en anglais...
Epuisé, je rêve de mon lit...
Pourquoi Bharat ne m'a pas libéré au bout de dix minutes ?
Les aiguilles de la pendule, en face du tableau, n'avancent pas.

La garderie, quelle misère...


Lionel Bonhouvrier.

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