jeudi 26 août 2010

F2. BUS DE NUIT AHMEDABAD-UDAIPUR (26.08.10)


BUS DE NUIT
AHMEDABAD-UDAIPUR





Quelqu'un a mis son sac à la place du mien...
Je déplace le sac et occupe de nouveau le siège numéro 5.
Une femme arrive et revendique cette place. Elle me tend son billet, je lui montre le mien. Nous sommes dans l'impasse...

Le bus pour Udaipur démarre à 22h.
Le receveur, prévenu par ma voisine, me demande mon billet.
Il répète en gujarati une phrase, qui signifie sans doute : "Vous n'êtes pas dans le bon bus !"
Peut-être y avait-il deux bus partant à 22h pour Udaipur.
Une chance sur deux de prendre le mauvais !

Dix minutes plus tard, le bus s'arrête.
Encore des embrouilles et du baratin en perspective...
Le receveur m'ordonne de descendre.
Sans mes affaires, je le suis dans la nuit jusqu'à une jeep, stationnant 15 mètres derrière notre bus.

Son conducteur m'explique en anglais :
-"Vous n'avez pas pris le bon bus. Si vous voulez rester, vous devez payer le billet de ce bus : 170 roupies. Sinon, vous devez sortir avec vos affaires !"
- "No, sir ! C'est une erreur ! Je ne savais pas qu'il y avait plusieurs bus pour Udaipur à la même heure... On m'a indiqué ce bus comme celui d'Udaipur de 22h. J'ai fait confiance, je me suis installé. Je refuse de payer une deuxième fois ! Et je veux rester dans ce bus !"
- No ! Vous avez un billet de la Compagnie du Gujarat. Ce bus est de la Compagnie du Rajasthan, vous devez payer un billet pour ce bus. Ou alors, prenez vos affaires !"
- "J'ai payé ma place, je reste ! C'est une erreur involontaire. A Udaipur, je vais déposer une réclamation à la police touristique !"

Le moustachu me regarde en silence. Mon argument le fait réfléchir...
Le receveur nous regarde tous les deux.
-"Thank you, Sir ! Nice to meet you !"
Et je regagne le bus sous les yeux du receveur, éberlué que j'échappe au paiement d'un second billet.

Le bus redémarre.
La nuit peut commencer, pas d'autres embrouilles à l'horizon.
Dans la cabine à deux mètres, le receveur raconte au chauffeur en gujarati l'épisode dans ses moindres détails. Ce que je serai bien incapable de traduire...
Coup de chance, notre bus est pratiquement vide. Sept ou huit passagers seulement, ce qui est exceptionnel en Inde.

Chacun peut donc s'allonger à l'aise sur une banquette.
En m'endormant, je songe à cette erreur bénéfique. Le bus de la Compagnie d'Etat du Gujarat était peut-être surpeuplé...

Dans la nuit, le bus s'arrête pour une pause dîner.
J'en profite pour marcher autour du restaurant, pour me rafraîchir et me laver les mains.
Aucune envie de manger, ni même de boire un thé.
Je veux rester dans ma bulle de silence, propice à un sommeil aisé.

Quelqu'un me secoue par l'épaule : "Udaipur ! Udaipur !"
Étonné, je regarde ma montre : "But it's 3 o'clock !"
Mais je dois revenir à la réalité (après un sommeil bien agréable), ce sont les faubourgs d'Udaipur...

Ma surprise s'explique.
Je voulais faire ce trajet de nuit en train. Mais les fortes pluies dans la région ont provoqué la fermeture de la ligne Ahmedabad-Udaipur jusqu'au 15 septembre...
L'unique alternative était un bus de nuit. Du coup, j'ai oublié de demander à quelle heure le bus arrivait à Udaipur...

Gare routière d'Udaipur.
Je croyais y débarquer vers 6h, non à 3 heures du matin...
Je peine à extraire mon sac d'un porte bagage, trop étroit pour lui.
Un type entre dans le bus et me baratine dans un anglais folklorique, où il est question d'autorickshaw, de chambre où dormir...

Je sais comment m'en débarrasser.
Car ces types vous brouillent l'esprit, alors que vous êtes suffisamment abruti, par une nuit trop courte !
Partout dans la gare, les gens dorment. Sur le sol ou sur des bancs de pierre.
Circulant entre les dormeurs, je trouve un banc de pierre à moitié libre.
Idéal pour faire le point.

Peu à peu, mon cerveau s'éclaircit.
Je n'ai qu'à attendre sur ce banc, deux ou trois heures, jusqu'à l'aube.
Ensuite, aller à la gare ferroviaire, prendre une douche dans une salle d'attente.
Puis attendre huit heures, l'ouverture du Bureau de réservation ferroviaire.
Je veux acheter un billet pour Delhi. Départ ce soir, arrivée demain matin.

Des heures et des heures d'attente...
C'est l'Inde, et c'est la poésie des voyages...
Ma parade est l'écriture. Des heures à écrire ici, puis à la gare.
Il suffit d'un cahier et d'un stylo. Une activité praticable partout et à toute heure !


Lionel Bonhouvrier.

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