samedi 7 août 2010

A72. PAONS, AIGLES ET MARTINS-PECHEURS


PAONS, AIGLES
et
MARTINS-PECHEURS





Pourquoi écrire sur ce trio de volatiles ?
Qu'ont-ils de commun ?
(un écrivain est un scientifique qui cherche des lois visibles ou invisibles en ce monde).
Pour mon bon plaisir - et voilà qui suffit.


EXHIBITIONNISME


Dès mon premier voyage en 2003, je suis étonné de voir tant de paons.
A Sonagiri, je me brûle la plante des pieds en montant les escaliers en plein soleil.
De la colline, des temples jaïns surgissent de toute part.
Des cris perçants, rauques et aigus, fusent parmi les broussailles et les arbustes :"léon ! léon ! leon !"

Cela m'incite à les photographier. Peine perdue.

Mon appareil photo rudimentaire, dénué de zoom, ne me laisse aucune chance. Inévitablement, je dois franchir la ligne de fuite.
Pas de photo donc...


Il y a quelques jours, je prends mes plus belles photos à Ahmedabad.
Dans le jardin de l'Institut des Études indiennes, un paon fait la roue, déploie son éventail coloré en direction d'une femelle.
L'EOS me permet d'obtenir plusieurs pauses de cet exhibitionniste !
Les artistes des City Palace de Jaipur et d'Udaipur, ont été sensibles à ce plumage.
Le paon y est un motif de décoration essentiel.


L'AS DES AS


Dès le début de ce voyage, les aigles m'accompagnent.
Au-dessus des remparts du Tiger Fort de Jaipur, ils planent, tombent en piqué, remontent en flèche en profitant de courants ascendants.
Parfois, ils se chamaillent brièvement, virent au large et partent plus loin recommencer leurs voltiges. Un régal pour les yeux, quel bonheur.

A Udaipur, sur la plus haute terrasse de Lal Ghat guesthouse, j'observe inlassablement jabirus, hérons, aigrettes, pipits, pigeons, corbeaux, corneilles, mainates, martinets, chauve-souris...
Chaque oiseau possède son vol propre et j'apprends peu à peu à les différencier.
De temps en temps, un ou deux aigles passent au-dessus de mon perchoir, en un vol plané de reconnaissance.
J'en profite pour les photographier.


A Ahmedabad, alors que je traverse Sadar Patel bazar, stupeur !
Des dizaines d'aigles sont perchés au 1er étage d'une maison abandonnée.
En face, dans la rue même, des bouchers préparent la viande, la découpent...
Chiens et chats rodent discrètement.
Quel festin en perspective, se disent les aigles... Et si l'on pouvait en obtenir quelques miettes ?
Impatients, certains décollent, font quelques cercles, puis regagnent leur horde attentive.

Cela me rappelle une matinée estivale de 2009 à New Delhi.
Je marche sur Mathura Road jusqu'au tombeau de Nizam-ud-din, que je visite.
Des bruits m'attirent vers un parc.
Un nombre incroyable d'aigles, perchés dans les arbres, crient et s'agitent à l'unisson... la viande les attirait.
Les aigles aiment les quartiers pauvres musulmans. La viande y est fréquente, exposée à l'air libre.


Pour moi, les aigles restent fortement liés à Srinagar, entre la Jeelum et le lac Dal.
En 2008, je n'avais que l'Ixus, au zoom insuffisant.
Ma rage de ne pouvoir les photographier explique en grande partie l'achat de l'Eos, emporté au Népal et au Bihar en 2009.


COURT CIRCUIT


Ce qui m'amène au martin pêcheur, ou kingfisher.
Pour une majorité de voyageurs, cela évoque de grandes affiches publicitaires, ou des cartons estampillés Kingfisher.
Certains ne dédaignent pas une bière fraîche dès qu'ils peuvent en dénicher une !

L'oiseau est plus difficile à apercevoir.
C'est encore au Cachemire, que j'observe plusieurs fois des martins pêcheurs, au bord du lac Dal, et au cours d'une longue promenade en barque.
Quel miracle de voir son vol bleu étincelant !
Un arc en ciel foudroyant.

Une rencontre avec un martin pêcheur illumine sa journée.
L'empreinte de ce bref contact persiste des années.
Une fête de la saint Martin inoubliable.


Lionel Bonhouvrier.

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